Editorial de Février 2015

Tout ceci me faisait penser à l'horrible farce qu'un jour mon fils Michel m'avait jouée sans trop en imaginer les conséquences...

En ce temps-là, pour me changer du stress de l'enseignement dans les collèges, j'avais rendu mon tablier à l'honorable inspecteur d'académie, et j'avais endossé la blouse blanche d'une diplômée en amincissement, appareillage électrique allant de paire, ainsi que massages manuels. Ma clientèle de l'époque était essentiellement féminine. Heureusement, d'ailleurs, car les rares hommes qui s'enhardirent à fréquenter le salon s'avérèrent, à l'usage...infréquentables. Je veux dire...hm...vous m'avez comprise. Je fus obligée de les mettre dehors, les uns après les autres. Il est un fait : sous des dehors affranchis, j'étais – et je reste – une incorrigible naïve.

Toujours est-il qu'en ce temps-là, je m'en ouvris, mi-indignée, mi-hilare, à mes enfants, si bien qu'un beau jour, mon fils cadet, Michel, aimant beaucoup mettre les gens en boîte, me joua la farce suivante au téléphone :

« Bonchour Matame ! Je souis bien au zalon Minceur et Vorme !? Ché voutrais un pon Mazage, Matame ! Fous fètes tes pons mazages, ché endendu tire. Ché souis Mr Vandepute, et che foudrais un mazage gomplet ! Vous foyez c'que feux dire, n'est-ze bas !?"

Je répondis : » Mais bien sûr, Monsieur ! ». Et bing, lui raccrochai le téléphone au nez ! Trente secondes plus tard, « Mr Vandepute » me rappelle : »Maman, ne raccroche pas, ne te fâche pas, c'était juste moi, Michel !! »

Tout le monde rit bien de la farce, et, logiquement, cela devait en rester-là !

Mais, quelques temps plus tard, nouvel appel :

"Bonchour Matame ! Ché zouis bien au salon Minceur et Vorme ?!"

Moi : "Ne te fatigue pas, Michel, stop maintenant ! "

Re-sonnerie : La voix semble effarée ! "Mais, Matame, Ché n'combrend bas, che foulais chuste..."

Moi : "Bon, écoutez Mr Vandepute, comprenez-moi une fois pour toute ! Vous n'aurez pas de massage spécial, et maintenant, t'arrête de m'les casser, Michel, c'est quand même un peu gros !
Arrête ! Stop ou j'raccroche ! »

Lui : "Mais...mais … !"

Moi : »Stop, maintenant, Michel, t'arrêtes, hein ! »

Lui: "Mais mais...Je ne comprends rien, Matame, à ce que fou racontez ! Je suis Mr..." Suis le nom d'une personne qui à l'époque résidait dans ma commune, et qui venait quêter chez les quelques commerçants de Z pour des lots pour le concours de calèches.

Et comble de malchance, son prénom était bien :...Michel !!

Je ne sus jamais s'il avait compris réellement quelque chose, ensuite, à mes explications et excuses embrouillées, et surtout ambarrassées !

Voilà ce que c'est que de parler trop vite, d'instinct, et sans réfléchir !