Pourquoi la tête et les jambes, et pour qui?

En fait, les séances que j'organise concerne tous ceux et celles qui se préoccupent du maintient d'une certaine forme physique et mentale.

 

Au fur et à mesure que j'oeuvrais en tant que bénévole dans les différentes maisons de retraites (dénommées à présent EHPAD = Etablissement d'hébergement des personnes âgées dépendantes), je constatais un état de fait fâcheux, lié à un état d'esprit tout aussi fâcheux de la plupart des pensionnaires : bouger le moins possible était reposant et rassurant.

 

Mais que chacun de nous fasse son autocritique : combien de personnes au-dessus de 60 ans sont héroïques au point de consacrer tous les jours ne seraient-ce que 8 petites minutes à certains modestes exercices de souplesse effectués SEULES devant un miroir ? Ce qui leur permettrait, dans la journée, un pied bien plus léger, une démarche allègre, enfiler leur collant ou chaussettes sans grincer des dents, se couper les ongles des pieds sans attendre la pédicure, améliorer leur équilibre, prendre leur douche toute seule, et être de bonne humeur pour la journée ?

Car pour effectuer ce modeste exercice, si bref fût-il, seul(e) devant son miroir, et sans musique, de plus, il faut, à cet âge, un certain degré d'héroïsme – car la tentation de ne pas s'astreindre à cette occupation que beaucoup estiment simplement ennuyeuse – et inutilement fatiguante – bien que brève – est très forte ! Mais il s'agit surtout d'un manque de culture sportive ! : on n'y voit aucune nécessité. Et c'est ainsi que le corps s'affaiblit et se rouille – j'oserais dire : indépendamment de l'âge !

 

Lorsque, avec les résidents volontaires, au début, j'organisais, dans des EHPAD, des séances de (modeste...) gym coachée, c'était sans prétention d'un esprit de compétition, quel qu'il soit, mais juste animée par l'idée de « faire bouger coûte que coûte des corps en train de se scléroser dans l'immobilité ». Et avec d'autant plus de facilité que des personnes en chaise roulante ont tôt fait de conclure qu'elles ne sont plus bonnes à rien, ni pour le travail des mains, et encore moins pour le travail des pieds... si rien n'est fait pour les en détromper...

 

Les médecins feraient bien de prescrire à ces personnes immobilisées de la sorte une séance de kiné par jour, et à vie...on en est loin – et ce n'est pourtant pas ce qui contribue le plus au déficit de la Sécu !

 

Mais j'en reviens à « Ma tête et mes jambes » , qui ne concerne pas du tout seulement les personnes âgées DEPENDANTES ! Mais la connaissance de leurs besoins et de leurs possibilités m'a beaucoup aidé par la suite pour, précisément, mettre au point ces séances originales, mêlant « le corps et l'esprit »...: Les personnes hébergées dans les EHPAD présentent des degrés divers de dépendance : les unes relativement alertes aiment encore effectuer de petites promenades journalières, d'autres ne le peuvent plus parce que malvoyantes ou atteintes de cécité complète, ou en perte d'équilibre, ou en chaise roulante ; ou simplement dépressives. Dans tous les cas, elles sont fragilisées par l'âge, leur état de dépendance, et leur manque habituel d'exercices. Il est donc risqué de leur demander des efforts, même relativement modestes, si ceux-ci sont ininterrompus sur des périodes un peu longues.

D'où  cette idée de « La tête et les jambes ».

 « La tête »signifiant : les jeux qui font appel à l'intellect, à la culture, à la mémoire, sous de multiples formes -

« Les jambes » voulant dire tout ce qui est  mouvement physique.

 

Ce cocktail : par ex. 10 ou 15 minutes de gym douce, alternant, pendant 1 h 30, avec 10 ou 15 minutes de jeux intellectuels, est extrêmement relaxant...et innovant. Car, dans les traditionnels exercices auxquels les personnes non dépendantes participent, c'est, soit 1 h ou plus de gym, soit 1 h ou plus de danse, soit 1 h ou plus d'informatique, etc. Mais on ne conçoit guère de professeurs polyvalents, qui s'astreindraient à un tel panachage, et pour cause...la demande de cours  des personnes autonomes porte normalement sur des thèmes précis et uniques : ou de l'informatique, ou des cours de musique, ou de langue, avec des catégories (piano, violon, français, anglais...logiciel Excel, logiciel dessin, etc.etc.)

Mais prenons le simple exemple d'un après-midi à prendre deux cours d'informatique de 1h1/2 chacun, soit 3 h, sans bouger, l'oeil qui picote fixé sur l'écran, les fesses complètement talées. Je suis d'avis que 10 minutes d'interruption, passées à sauter à la corde, à intervalles réguliers,  seraient infiniment profitables à un meilleur rendement. Je le pense aussi pour les fesses talées et suppliciées de tous les élèves et étudiants, à tous les niveaux...

 

Déroulement possible d'une séance :

 

A priori on pourrait croire que l'hétérogénéité des diverses possibilités de chacun soit un frein, cela serait le cas si les mêmes performances étaient demandées à toutes et tous. (En fait les hommes sont rares : 1 homme pour 8 ou 10 femmes. Les femmes vivent plus longtemps, mais de plus l'homme âgé est souvent plus inerte, moins enclin à entreprendre...) 

 

Ne pas croire qu'en position assise, on ne puisse pas faire grand chose, bien au contraire...

Lorsque j'ai à faire à ce public, dont parfois plus de la moitié est en chaise roulante, nous travaillons carrément, tous, en position assise. Je veille à alterner un type d'exercice des bras avec le même type d'exercice des jambes. Idem pour pieds et mains. Nous faisons aussi pas mal d'action simulées : dire oui ou non de la tête, simuler une bagarre, etc.. Il convient bien sûr d'être attentive aux signes de fatigue, ou de tendance au « forçage ». Si quelqu'un a du mal à lever les bras, il ne faut pas « l'y contraindre ». Je dis toujours : »Il faut que cela fasse un peu mal, mais pas TRES mal , il faut s'arrêter avant » ! Les possibilités d'intéressants jeux de jambes sont réelles. En particulier, la position assise soulage et libère le pied de sa fonction porteuse, et dès lors on peut – et on doit – sans craindre la chute, s'attarder au niveau de la cheville et de multiples mouvements qui ne sont pratiquement jamais fait « dans le vie ordinaire » sont alors, « à portée de main », ou plutôt « de pieds ». Lorsque le corps s'est un peu sainement fatigué, juste assez, mais pas trop, j'enchaîne alors sur des exercices intellectuels.

 

L'hétérogénéité des habitudes de pensée, des degrés de culture, de la vivacité des réflexes, du QI, on va dire aussi – est moins facile à gérer. Le piège est de laisser toujours les mêmes personnes répondre ! Se transformant en acteurs (donc actifs), pendant qu'une moultitude d'autres personnes a tendance à se complaire dans un rôle de spectateur passif ! Quand cette passivité commence à me peser trop, je décrète : il faut faire circuler le sang au niveau du cerveau, là, on dirait qu'il y a plein de bouchons, allez, rebelote pour la gym »...et c'est reparti en riant.

Il n'est pas possible de transformer les lents en rapidcs, et les rapides en lents . Mais s'inspirer de l'expérience scolaire amuse tout le monde, et chacun joue alors le jeu : on lève le doigt, et on attend d'être interrogé pour répondre – ou – mieux encore – pour les mots croisés – on dit juste la 1è lettre – un autre va dire la 2è lettre, etc...

 

Ces jeux intellectuels, dans leur variété, vont bien sûr être choisis en fonction des possibilités des participants...lesquelles possibilités vont se dévoiler lors de la 1è séance. Ainsi, dans certaines EHPAD, j'essaye de faire mémoriser  4 séries de termes ayant « un certain rapport » entre eux (ex : j'achète au supermarché :   2 côtelettes de porc, 1 livre d'haricots verts, une eau minérale, 1 kg d'oranges), et à mes permanences rue du Cygne à Thionville, où je travaille          avec des personnes souvent plus jeunes et peu ou pas handicapées, je peux être amenée à leur faire mémoriser des séries beaucoup plus longues, et chacun (chacune) va devoir disposer d'un temps quasi-chronométré pour répondre par écrit...Ex : je vais à la piscine et j'aperçois :

 

3 bassins, Le 1er pour bébés, l'autre pour nageurs et pour non nageurs, et le 3è  où l'on n'a pas pied.

 

« Dans le 1er il y a 4 bébés, avec leur maman, et 4 bouées multicolores

Dans le 2è, il y a 3 garçons, et  5 filles, dont l'une porte un maillot rouge

Dans le 3è, il y a 2 hommes qui pratiquent le crowl, dont 1 qui porte des lunettes étanches. Ainsi que 3 hommes qui sautent du plongeoir. Et 4 femmes dont une fait la planche et les 3 autres qui pratiquent la brasse ».

L'histoire est racontée lentement, deux fois de suite...

Il s'agit d'énumérer tout ce qui a été cité : les personnes, les objets, leur nombre, leur couleur éventuelle, ce qu'ils font.

 

Des points sont retranchés à un total, et ensuite on compare les résultats...

Ceci n'est qu'un exercice parmi de nombreux autres...

Ex : points communs entre : 17 – 23 – 29 – 31 !?

-Qui sait réciter presque sans fautes : Le corbeau et le renard » !?

-Qui veut poser des questions à ma place ! (Régulièrement, des volontaires préparent une série de questions de culture générale,ou de questions-pièges, et les soumettent au public.

 

Où se passe la tête et les jambes !?

  • Comme dit plus haut, dans certaines EHPAD où j'oeuvre – dans le cadre de l'association Cancer-Espoir, en tant que  bénévole..
    • Tous les 1ers et 3è mardis du mois, à THIONVILLE, au n° 3, rue du Cygne (locaux mis à disposition par INTERCOM-SANTE 57), de 15 h 30 à 17 h. Les séances sont ouvertes à tous et toutes . Condition: Prendre une carte de membre de Cancer-Espoir, comptant pour un an(20 €).Ouvert à tous, et particulièrement utile pour les personnes d'un certain âge souhaitant conserver un certain tonus, un certain punch.
    • Pour renseignements : tél 03 82 83 42 71

 

                                                                                  L'animatrice Simone