Ce que nous avons fait au Centre Europe, Hettange-Grande, 30.01.2015

Nous étions là, toutes les cinq...Il y avait Joséphina. C'est ainsi que je la surnomme. Son vrai pseudonyme étant Joséphine sans a. « Baker » en plus les jours où je suis de bonne humeur. Il s'agit de notre Yvette (Wahl-Cassel, pour faire moderne). Joséphina, avec de surprenants cheveux auburn, lisses, vigoureux comme jamais (quel traitement miracle leur avait-elle fait subir!?) Joséphina gonflée à bloc. On allait en découdre ! Il y avait là Enaïra. Imprononçable lorsqu'on manque d'entraînement. Il s'agit en fait d'Ariane, mais retournée sens dessus dessous. Ariane. La fusée, ou simplement le fil que vous suivrez et qui vous conduira -haha – tout droit dans l'antre de la Fée Cigarette qu'elle venait d'incarner avec brio. Il y avait Marie. Marie et sa superbe. Elle, elle avait choisi Payette. Avec Y...Moi j'aurais préféré carrément « Paillettes multicolores ». Payette et son ventre de président du tribunal, son ventre de femme prête à accoucher de tous les coussins dont elle avait bourré son pantalon pour faire gras et bien nourri. Sa perruque blanche et soignée de Gentilhomme, posée sagement sur la tête d'un Mr.Business grondant, tempêtant et gesticulant à plaisir. Il y avait là Nicole. Traduisez : Ju-ju-Lé. Le pseudo évoque les sonorités chantantes de fillettes asiatiques. En fait (il faut le savoir), il a été crée à partir du début de prénoms d'êtres qui lui sont chers. Ju-Ju-Lé, sa voix de soprano, sa chandelle de l'ami Pierrot qui est morte, mais qui, pour nous, revivra éternellement , dans un clair de lune ». Nicole et ses comptines. Sa mère Michel et son chat en peluche. Il y avait Mathilda-Alice, sa tenue blanche de jeune fille romantique et pure comme le lys dans la vallée. Mathilda, c'est moi. Romantique en secret. Mais là, j'avais le droit (et la mission) de le montrer. Alice dansant dans le brouillard, chutant dans le noir et se relevant aussi vite. Faisant semblant de rien. Tombée dans le vide, entre la scène surélevée et la table des mixeurs, au milieu de leur brouillard fumant. (Tac...tendinite, ma vieille, à quelque part au niveau du triceps, t'en a pour 3 semaines, si t'as d'la chance!) Il y avait là Max et son frère William. Et leur matériel de pro. Et leurs projecteurs envoyant leurs flashs multicolores sur Payette-Business, moustachu, indigné, hurlant pour appeler à l'aide l'huissier-Nicole reconduisant éternellement les présumés coupables au vestiaire.

Max et son frère William, leur brouillard, leur fumée, nimbant de reflets dorés les cheveux noirs d'Ariane-la fée-sorcière, dont le diadème jetait aux alentours de furieux éclairs. Faisant apparaître Joséphina-Tchernobyl planant, fantomatique, au-dessus des frontières. Joséphina, en Mr Cochon-Saucisse, encore plus rose que nature. Joséphina, en Mr Légume, encore plus vert que des épinards. Avec des micros, en veux-tu-en-voilà, transformant les plaintes en cris d'outre-tombe ! Et les ricanements en prémonitions de bien mauvais augure. Répercutant les trémolos tremblotants, joyeux, et déterminés de Mr Alcoolo-Ariane jusque tout au bout de cette grande salle un peu trop vide pour raison de verglas (ça s'appelle « pas d'chance ! »)

Les feux des projecteurs de Max et William, dardant leurs rayons sur des os tout blancs que rognaient Fée-Ariane avide, et Mr Cancer-Joséphina ricanant. Tous deux sagement protégés de serviettes teintées de rouge-sang à l'encre de Chine. La fumée de Max et William, rendant Nicole, prêtresse servile, encore plus mystérieuse. Leur brouillard, faisant errer Alice-Mathilda dans un espace aux lueurs glauques. Et puis des flashs agressifs, tac et tac, complice de l'orgie délirante et décomplexée d'un Mr Alcoolo-Payette réellement « totalement givré ». Et lubrique, de surcroît (beau mec moustachu, entre parenthèse, bien qu'affublé d'un nez rouge-violacé aux allures de betterave forcée aux hormones.)

Et puis les ovations que nous avions eues, tous et toutes, d'un public clairsemé, mais si emballé ! Brigitte qui m'avait dit, et re-mailé : « quelle belle soirée – je me suis bien amusée »...Bernadette qui s 'était écrié : « Bravo ! Très bien, vot' pièce ! Et quand vous êtes tombée dans l'trou, brusquement ça a fait tilt, j'vous ai r'connue : vous étiez la prof de tous mes gosses ! Vous ne vous êtes pas fait mal, au moins !? D'abord j'avais cru qu'c'était fait exprès ! ».

Et MAX ANIM qui avait remporté tous les suffrages d'applaudissements pour sa jonglerie de feux croisés et de sons savamment dosés. Et le regard des filles, fier, brillant, défiant l'univers entier, d'avoir fait mieux qu'elle ce jour J. Merci, les filles, merci à Max ANIM, aux frères complémentaires, Max, le brun, et William, le gris, égaux pour la belle coupe de cheveux, et pour l'humour, tout de même aussi...! Ils s'étaient déplacés depuis Neufchef, avec leur camion, et leur matériel, avaient, dans le silence, experts, tout monté, tout contrôlé. Gratuitement ce soir-là. Pour nous. Pour Cancer-Espoir. Pour la beauté du geste.

Nous recommencerons. Autant qu'il le faudra. Pour montrer qu'on PEUT le faire ! Que c'est beau, ce qu'on fait ! Et amusant, très marrant. Bien qu'éducatif. Et éducatif, justement, parce qu'aussi « très marrant » ! Malgré « la cigarette » de la Fée, titre qui interpelle, et qui, peut-être, suggère la leçon de morale ennuyeuse et barbante. Et ç'avait été tellement tout le contraire que certains nous avaient dit, dans un cri du cœur : « comme on s'est bien amusé, tout de même ! »

Bien amusés ! Avec ces capotes de toutes les couleurs et ces saucisses de toutes les grandeurs. Avec ces cris qui fusaient des bouches et de derrière le paravent, et la fausse fumée, quasiment, qui sortait des oreilles. Avec Mme Hamburger, son accent américain, et sa casquette à la Mac Donald - éternellement courroucée - Avec Mr Saucisse, son cousin, rival, et pire ennemi. Avec Mr Business, le Président du tribunal (Payette) - au nom prédestiné - fustigeant d'éternels accusés – qui rentraient- sortaient – boitillant – trébuchant – pérorant et rotant – hilares ou furibonds.

Avec cette sorcière, aussi, déguisée en jolie fée, avide de chair fraîche – qui se repaissait, dans un rire sardonique, des dépouilles de tous les accusés du tribunal – et de leur accusateur – en présence de son amant et complice, tout de noir vêtu et à tête de mort: Mr Cé.

Traduire : Mr CANCER, pour les non-initiés !

Texte écrit par Mathilda, Simone = nom de Baptême. Présidente de Cancer-Espoir de jour. Créatrice et directrice de la troupe Les Barbies Turiques et Rac...jour et nuit!