Dis moi quels sont tes médicaments, je te dirais qui tu es!!

J'aime encore assez dénigrer les ordonnances à rallonge, et par conséquent déplaire à ceux qui les ont rédigées - en-même temps que de déplaire à certains autres, parce que l'esprit corporatif, ce n'est pas de la gnognotte !

 

Parfois, je sens que l'on me contemple un peu « de biais » : c'est quoi, ça, cette bonne femme qui nage à contre-courant !? Sauf pour les amateurs (trices) d'originalité, c'est plutôt mal vu. Car tout le monde sait que sans ordonnances, notre société occidentale ne pourrait exister ! Et qu'en-même temps notre Sécu rame péniblement au milieu de tsunamis de prescriptions qui s'empilent, volètent, obscurcissent les nuages, s'abattent dans les ordinateurs, et mobilisent, au passage, une armée organisée au service de la santé et des laboratoires adéquats.

 

J'ai lu récemment, dans le RL, un article accrocheur : « Les Français, accros aux Opioïdes ? » (Lien vers l'article ici) . Mes yeux se sont écarquillés : un article – non signé – certes – mais tout à fait explosif – j'étais habituée à plus de circonspection dans les propos de notre Quotidien. Il est vrai que l'article mettait l'accent sur l'abus des pratiques aux USA, encore davantage que sur les abus des pratiques françaises.

 

 N'empêche, confortée dans ma lutte générale anti-abus, je soupirai d'aise : « Ahaha, vous voyez bien, M'sieurs-Dames, votre Tramadol, et vos Opiacés, que vous baladez partout, même au bar, à la patisserie, en train, en avion, au volant, et au cinéma, et sucotez avec davantage d'acharnement que du chewing-gum, vous voyez, il n'y a pas que Tante Yvonne qui mette cela à l'index !!

 

Je recopie le RL :

« entre 2014 et 2017, le nombre d'hospitalisations et de décès liés à ce substances a plus que doublé ».

 

Je me souviens, je devais avoir aux environs de 67 ans. Le chirurgien qui devait m'extraire une varice gênante avait prononcé d'un air songeur, comme s'il s'adressait au ciel plutôt qu'à moi : « C'est étrange que vous ne preniez pas de médicaments – très étrange ». Un peu comme s'il avait affirmé : « vous avez la peau verte, c'est étrange, on dirait une Martienne plutôt qu'une Terrienne ».

 

En attendant j'eus la chance de pouvoir (et savoir) m'en passer depuis toujours. Et actuellement aussi. Une longue pratique de certains sports, ainsi qu'une hygiène de vie régulière et persévérante, (mais pas vraiment astreignante) favorisent un état de santé satisfaisant – ce disant, je touche tous les objets à ma portée faits de vrai bois...)

 

Trois repas par jour, parfois seulement deux. Un petit déjeuner copieux, avec compote de fruits moins sucrée que la confiture (mais j'en fourre davantage sur la tartine...) Repas jamais à midi, car lever trop tard... ou encore coincée au volant de l'auto... Très très peu de sel. Lorsque je ne résiste pas à un haché de bœuf et porc présalé, je mélange ensuite à mes boulettes façonnées des pâtes cuites à l'eau sans adduction de sel. Pas plus que deux plats préfabriqués par semaine. Si possible zéro, mais parfois je cède (comme tout le monde) à la tentation du « bien pratique » Pas de boisson avec ajout de sucre. Je rationne légèrement le pain - trop salé – néanmoins c'est lui « le moins pire » si on le compare aux feuilletés industriels - oserais-je qualifier ceux-ci de « mortels à court terme » !? 

 

Je résiste mal à la pâtisserie en prenant de l'âge, mais je m'interdis les pâtisseries industrielles, et de préférence j'achète les gâteaux chez le pâtissier « qui a fait ses preuves ». Je reste admirative en face des élégantes contorsions du fabricant de Nutella pour faire accepter son huile de palme sur les tartines, et j'avoue qu'une fois par an je fais une overdose de prâlinés, et encore une demi overdose à Pâques, mais sinon, pas de chocolat dans mon buffet, si ce n'est une boîte de cacao « au cas où » ! Entre le poulet aux hormones, et le veau aux antibiotiques, quasi incontournables,  j'intercale du poisson, mais j'évite le poisson d'élevage...donc peu de saumon...le hareng ? Excellent, je trouve...

 

Et puis je bouge...tous les matins, 10 minutes de mouvements précis - plusieurs fois par semaine,  gym organisée en groupe – promenade avec le chien tous les jours – souvent une demi-heure – parfois plus – parfois moins : c'est, possiblement, selon l'endroit et les circonstances, un plaisir ou une corvée. En particulier lorsqu'il y a lieu de se demander ce que je ferai en croisant le molosse qui va induire chez ma bête une violente crise d'hystérie, je dois avouer que c'est plutôt une corvée...et l'expectative d'un travail d'Hercule !

 

Je bouge. Et je fais gaffe en-même temps. 3 km, je tiens sans problèmes, à allure normale. Mais je me borne à 3 km aller-retour, et non pas « aller simple », car  6 km, à 86 ans, avec mon chien 'Toutfou », ce serait risqué. Selon les jours, et selon les battements de mon cœur, je fais du « tout terrain », près des champs de maïs, ou plutôt du macadam, où le pied repose bien droit sans risquer de se tordre. 

Là où je réside, il y a pas mal de relief. Un peu comme si je montais des escaliers, au final. Sans compter que les miens, fatalement, je les monte aussi. Par contre, je ne compte pas mes pérégrinations au Linkling (plutôt rares), et mes déambulations au supermarché le plus proche (assez fréquentes). On va dire que ça, c'est hors-jeu. Encore que ces parcours « en blanc » ne soient plus du tout négligeables avec une patte cassée et des béquilles : essayez pour voir !

 

Nulle envie de dépasser de beaucoup mes performances ordinaires...Un test d'efforts ? Très peu pour moi...pas par paresse, mais parce qu'il ne faut pas tenter le diable qui me guette à tous les tournants. Vous avez déjà entendu parler des athéromes ? Petits ou gros bouchons placés un peu partout (et même dans les coronaires) à partir d'un certain âge ? Personne n'y échappe. Pas plus que nos tuyaux d'eau n'échappent au dépôt de calcaire. Une bonne pression dans la tuyauterie, et tac...le calcaire émigre, et tout se bouche : la cafetière, la pomme de douche, et les artères du cœur. Ou un brin plus haut, une artériole au niveau du cerveau (on n'en est plus à un étage près...)...alors pas de test d'efforts – ne pas trop hocher les tuyaux...

 

Alors oui, vous allez me dire :

 

 « cardio-aspirine, ce serait peut-être pas mal pour que tout ça devienne plus fluide. »

 

 Eh oui, mais mon duodénum me guette au tournant, et n'attend qu'une excellente fluidité pour pisser sans contrainte le sang sur les racines de pissenlit... 

 

« Ah, et les inhibiteurs de pompe à proton, chère Madame, pour juguler ce risque, vous y pensez  !? A 40 mg, ça devrait marcher...Quelques belles années de sursis avant que le foie ne se détraque, et que le manque de vitamine B 12 ne se fasse sentir fâcheusement ».

 

 Eh oui, cher Monsieur, que voulez-vous, c'est une option de vie : est-il préférable que je meure en dormant et en faisant de beaux rêves, à un âge déjà avancé – ou bien que je meure totalement percluse, droguée, abêtie, abrutie et paralysée, écroûlée sur mon pilulier, à un âge canonique !?

 

L'essentiel, c'est de bien connaître ses limites : le jour où je présente une pièce de théâtre, l'effort est plus grand : il y a les décors à transporter, un rythme soutenu à maintenir, à certains moments, un rythme trépidant. Il faut savoir doser, trouver la bonne accélération. Et surtout, il faut, les jours ainsi faits, savoir sauter le repas de midi : vous serez plus léger, plus réactif. L'oxygène de votre sang ira nourrir votre cerveau en priorité, et le reste ensuite. Le bon repas de midi, pour être digéré, accaparerait l'oxygène presque à lui tout seul. Ce n'est pas une vue de l'esprit. C'est la réalité. Pas pour rien que les personnes âgées s'endorment après le repas...

 

La chaleur, aussi, est un ennemi insidieux susceptible d'ailleurs de s'enhardir ces prochaines années. Contre elle, la lutte est particulièrement difficile. Le corps mobilise le cœur pour lutter contre les écarts de température, dans les deux sens. Un cœur déjà affaibli risque de lâcher...si mes pulsations sont à 83 au repos, alors que d'habitude elles sont à 70, je n'hésite  pas à me mouiller totalement les cheveux, autant de fois qu'il le faudra, et à asperger mon chien de seaux d'eau tiède-froid par la même occasion. Encore faut-il songer à se prendre le pouls... Y penser... Mais lorsqu'on se sent « plutôt bizarre », automatiquement, on y pense...

 

Je n'aime pas boire sans soif. Et d'ailleurs je ne PEUX PAS boire sans soif...ma gorge se bloque et j'étouffe ! « C'est pas drôle d'étouffer, madré ! » Par contre, la boisson très froide passe mieux, ainsi le thé glacé sans additif, pas mal, jus d'orange frais ou eau citronné, pas mal non plus. Préparés un peu à l'avance, pour avoir le temps de refroidir...

 En fait, le bon café au lait, chaud ou froid, c'est pas mal non plus.

 

Un autre test : vous faites pipi dans un vase de nuit. Vous pouvez ainsi facilement observer l'aspect de vos urines. (Cela, un jour, m'a sauvé la vie...) Si, pendant la miction, cela brûle un peu, c'est que vous devez vous forcer à boire davantage, votre urine est trop concentrée. Si la quantité (pour une nuit) avoisine un verre d'eau, attention, votre corps manque d'eau, forcez-vous !! Ce qui ne veut pas dire « se forcer tout le temps » !

 

D'ailleurs, il y a de nombreuses astuces : on peut très bien se préparer de délicieux puddings au lait maigre, avec des compotes de fruits maison, qui éviteront le tourment de rester en rade, la langue pendante, devant son verre d'eau !Tout comme on peut très bien se nourrir de soupes, l'on peut aussi s'hydrater de matière semi-solide... Il existe d'ailleurs des gels aromatisés à ces fins en pharmacie, et dans toute EHPAD correctement équipée.

 

Dans un autre ordre d'idée, mais toujours à propos d'hygiène de vie :

 

J'aime la solitude, et j'adore le contact avec les animaux. Mais je ne puis me passer, pas plus que tout un chacun, du contact social. L'homme est un animal social. On ne peut se passer de son prochain. Aussi longtemps que j'ai la chance (et le courage) de conduire ma voiture, par (presque) tous les temps, je n'y renonce pas. (Je mets de l'argent de côté pour me payer un taxi pour le jour où cela n'ira plus...)

 

Et à propos de civilisation :

 

Allons-nous tout droit dans le mur !? Je pense que oui. Et pourtant, sans les incontestables progrès actuels, plein de gens – dont moi – ne serions plus là...Pour ne borner mes propos qu'à « la  chirurgie classique », et à des cas courants (dont le mien...), ci-dessous quelques états de fait probants :

 

- sans une opération des deux yeux (cataracte), je serais présentement aveugle

  • sans une ablation de mon cancer du colon, je serais sous terre depuis 18 ans (mais peut-être n'aurais-je pas contracté le cancer non plus...)
  • sans une cautérisation de la paroi chroniquement ulcéreuse de mon duodénum, je serais depuis un moment morte d'hémorragie intestinale (et sans prendre d'antiinflammatoire pour autant...)
  • sans extraction de mes dents de sagesse incluses, et poussant en biais sous les autres molaires, je pense que je serais devenue folle de douleur à 21 ans.
  • sans stents et ou sans opérations cardiaques autres, plein de gens ne seraient plus là pour me lire.
  • sans extraction de la vésicule biliaire, un certain nombre seraient morts dans de grandes souffrances
  • sans prothèses diverses – dont prothèses de membre, la vie de plein de personnes serait très difficile...
  • La liste n'est pas exhaustive...

 

Il faut rendre à César ce qui lui appartient...

Bon vent !

    Tante Yvonne