Editorial novembre 2014

Les BD et moi. Et moi, et moi !

La première chose du matin que j'effectue, dès que je trouve dans ma boîte le journal « Féminin au singulier », c'est de me précipiter à la page 4 pour me retrouver, béate, devant mon « met du jour » préféré : la page de Monica ! Je respire d'aise, voluptueusement, puis écarquille mes mirettes pour ne rien  perdre en route des facéties de Monica : son air imprégné, satisfait, vaguement nunuche, ses seins fidèlement et exagérément écartés - le pull à col roulé dernier cri, aux manches trop longues -les babouches dans lesquels elle aime paresser les week-end – les ballerines toujours à talons plats dans lesquels les grands pieds se retrouvent à l'aise, en ville – y retrouvant fatalement la copine branchée, comme elle, sur les sacs customisés avec aimables petits cœurs - son mec toujours un brin gaffeur – son rejeton – vaguement autiste dont les écouteurs  le branchent au delà du réel – ses airs à elle de mère poule béate – et puis l'histoire en elle-même – presque sans parole  - si singulière et si vraie – le vécu de Madame Tout le monde...alors, tac – oubliant le reste du monde, je me saisis de ma plaque graphique, de mon crayon-souris, et je m'évade dans le monde de mes BD à moi, histoires merveilleuses, baignant dans les mille et une couleurs mises à disposition par le logiciel gratuit Artweaver, et ce qu'il y a de plus merveilleux encore ; c'est que tout mon vécu, parfois ennuyeux, ou irritant, tracassant, interpellant, ou frustrant, se trouve, d'un coup de baguette magique et de crayon informatisé, transformé en petite histoire simple, presque sans paroles, compréhensible par tous, avec des personnages ingénus, qui s'agitent, souffrent, font semblant de..., se réjouissent de..., craignent que...et quand l'histoire est terminée, je la contemple et ris de bon cœur. Et ce qui est merveilleux, c'est que, des mois plus tard, je la re-contemple, et re-ris – de tout cœur ! Et c'est ainsi qu'on s'exorcise des manigances de la vie, en les recréant, sous ses doigts, à partir de petits personnages que l'on peut manipuler à son aise, alors que ceux de la vraie vie – vous l'avez remarqué – on ne le peut guère...

Exactement même processus d'exorcisme que celui du romancier qui se libère et s'affranchit en écrivant un roman à clé (ne le sont-ils pas tous!?)

Ceux qui dénommerait cela « vengeance » ont bien tort. A l'exception peut-être de quelques tigresses célèbres nommant « un chat un chat », ou transformant au contraire un matou tout ce qu'il y a de plus normal en serpent vicieux, ou je ne sais quoi encore, il ne s'agit pas vraiment de vengeance. L'auteur, dans tous les cas, essaye juste de se venger un peu des mauvais tours de la vie, en en riant un brin, et en en faisant rire les autres. Une façon aussi de rire de soi-même. N'est- ce pas le meilleur moyen de déjouer les mauvais tours de « cette garce » : vous savez bien, celle de la chanson :

« Mais elle ne pourra pas, avec ses manigances

Me prendre mon ami, pour la seconde fois ! »

Et n'est-ce pas le comble de l'habileté de retourner une situation déplaisante pour en faire un avantage ? Aussi me suis-je dis que mes petites BD (voyez « P'tit canard bavard et vantard...Actualités »)[[http://www.wikithionville.fr/index.php?title=P%27tit_canard_bavard_et_vantard ici]] qui ont quasi-saturé mes pages disponibles sur notre Wiki, j'allais...devinez un peu...j'allais les transformer en petites vidéos animées – travail fantastique en perspective – avec bruitages - portes qui claquent – pas qui résonnent – chaises qui frottent – soupirs – grosse voix qui dirait « vous bouârez un bol de liquidd claîîr à 16 heures trente... »...musiquette qui appuierait gentiment les talons trotteurs décampant de plus en plus vite sur le carrelage des couloirs de l'hosto...et copain-Maurice qui réaliserait le dispositif pour filmer, et Joséphine qui prêterait sa grosse voix pour l'homme, et moi ma petite voix pour la femme.


Super ! Et voyez-vous, dans tout ça, j'ai presque fini par oublier que je dois repasser bientôt une coloscopie pour un polype plutôt suspect...et que je n'ai pas tout à fait fini de « bouâare à 16 heures  trente un nouveau bol de liquide clair » !

Simone