Éditorial de mai 2017

Nos frères "les animaux"

S'ils sont nos frères, alors c'est que nous en faisons bien partie, de la confrérie : celle des êtres dits « inférieurs » ... Alors, oui ou non !? En faisons-nous partie ou pas !?

 

Selon la conception scientifique, nos organes sont conçus selon le même schéma que celui des autres mammifères, et tout au plus le rapport « masse de l'encéphale divisée par masse corporelle totale » est-il un brin (juste un brin !) supérieur chez l'homme, par rapport à celui des grands singes.

 

Pourtant, intimement, nous nous révulsons à l'idée de devoir nous placer exactement à égalité aux côtés de « ces frères inférieurs », lesquels, pourtant, bien souvent, prennent davantage soin de leur progéniture que nous-mêmes !

 

De tous temps, il nous a toujours plu de nous situer « à part ». Nous concédons volontiers un « certain degré d'intelligence » à ces êtres dépourvus de cordes vocales permettant une pratique qui nous semble irremplaçable : celle d'émettre des sons articulés formant un langage... appelé, pour l'homme : la parole. Et, même, nous accordons volontiers « aux frères inférieurs », la pratique d'un certain langage, qui se bornerait, p.ex., à la danse des abeilles, ou à l'émission de phéromones, ou au changement de couleur de la peau des iguanes mâles – ces actions étant un langage réflexe, lequel devrait totalement exclure l'existence d'une pensée supérieure, du genre : élaboration d'un théorème mathématique ou d'une théorie philosophique.

 

En bref, nous nous considérons « Maîtres de la planète Terre » ! Bien piètres maîtres qui prenons si peu en considération nos générations futures : elles n'auront qu'à se dépatouiller avec les océans étouffés par le plastique, et nos galeries souterraines d'où suinteront allègrement les déchets radioactifs – pour ne citer qu'eux !

 

Mais notre attachement à cette soi-disant profonde différence va beaucoup plus loin ! Elle est ancrée non seulement dans l'inconscient collectif, mais même dans celui des scientifiques ! On a peine à le croire, mais oyez donc : sur des sites très sérieux, on peut lire, à propos d'exoplanètes « habitables » :

« des planètes sur lesquelles pourraient exister une vie intelligente » !!

 

Cela ne signifie-t-il pas implicitement : « une vie non seulement primaire et se bornant à la reproduction, mais une vie comparable à celle de l'homme » !? Autrement dit, on retient l'homme comme exemple. Et cette recherche obstinée d'humanoïdes qui nous seraient plus ou moins apparentés est une véritable obsession, alimentant pas mal les récits de sciences fiction, par ailleurs !

 

Alors, on rêve : par exemple d'invasion d'extraterrestres – ou – au contraire – d'évasion de terrestres...l'ennui, c'est la distance et le temps : par exemple, pour parvenir à Proxima du Centaure, même à la vitesse de la lumière, il faudrait encore que nous parvenions à dominer le temps qui fait que...au bout d'un certain temps...hélas...le géniteur doit céder la place à son successeur... Autrement dit, des vaisseaux spatiaux transformés en pouponnière – encore que la théorie de la relativité d'Einstein puisse, là aussi, permettre certains rêves, à propos du temps qui ne s'écoule pas de la même façon, selon la vitesse du bolide dans l'espace...

 

Jamais nulle part je n'ai vu poser la question suivante : « les extraterrestres venus – disons – d'une exoplanète sont partis de chez eux pour nous visiter combien de milliards d'années avant l'existence de notre planète ? Et cela supposait donc qu'ils étaient extra-lucides – puisque prévoyant notre future existence...et aussi qu'ils nous conféraient une très grande importance...à nous qui, petites fourmis perdues dans l’espace -  techniquement – donc intellectuellement – aurions droit à l'honneur d'une telle visite. A moins que la planète Terre ne possédât des merveilles (autres que l'homme...) convoitables par ailleurs... ? Mais là aussi, ces extraterrestres devraient savoir que la matière inerte existe sur des milliards de milliards de planètes dites « rocheuses » (alors pourquoi la Terre !?), mais que, par contre, si ce sont les conditions de vivabilité qui les attirent, alors leur choix est mauvais, car ces conditions se dégradent exponentiellement, au fur et à mesure que la technique (si ce n'est « l'intelligence ») progresse !

 

Mais j'en reviens à « ces animaux, nos frères inférieurs », plutôt qu'aux extra-terrestres, nos frères supérieurs » ...

 

Quels que soient les sentiments exprimés à ce propos par l'homme, celui-ci reste d'abord pragmatique : lorsque la nourriture manque, on mange aussi les chiens et les chats (bêhhh...eh oui, mais c'est ainsi !)

 

Plus nous vivons dans le confort, et plus nous éprouvons d'empathie pour les animaux en général. Parce que nous pouvons nous permettre ce luxe – interdit dans des temps plus anciens – ou dans des lieux moins confortables...

 

Et c'est ainsi qu'à présent, une revendication se fait jour de plus en plus : « plus d'animaux sauvages au cirque ».

 

Mon idée ? Cette revendication fait partie de l'évolution actuelle de notre société occidentale, qui vit quand même dans un confort qui va (pour l’instant), en s'améliorant...

 

Toutefois, personnellement, je ne suis pas d'accord avec cette conception qui voudrait que les animaux dans les cirques ne soient pas heureux. Je pense au contraire qu'un animal qui vit en étroite symbiose avec son dompteur EST HEUREUX. Il « travaille » tous les jours. Mentalement et physiquement. Et le travail c'est la santé ! C'est le chômeur qui est malheureux, pas le travailleur ! Et ce courant de sympathie, d'affection, et même d'amour, à mon avis souvent fusionnel, qui lie le dompteur à son « élève », est quelque chose de merveilleux, d'irremplaçable, que beaucoup négligent, car ils s'attardent sur la forme, et le fond des choses leur échappe.

 

J'admire énormément les spectacles où interviennent les animaux, que ce soit dans les cirques ou les zoos, ceux-ci de plus en plus organisés pour ce faire.

 

Certes, on peut se demander si l'animal n'était pas mieux dans le milieu pour lequel la nature l'a destiné à l'origine. Mais revenir en arrière est une utopie. Tout au plus pouvons-nous créer des zones protégées où la faune vit en semi-liberté... et espérer que les forêts vierges le restent le plus longtemps possible...

 

Ce n'est pas interdire à des animaux et à leurs dompteurs d'exercer leurs talents qui rendra les uns et les autres plus heureux – et le monde plus écolo – à défaut d'être simplement « gentil » ...

 

« Tout le monde il est gentil tout le monde il est beau », c'était le rêve de Jean Yanne. Mais c’était juste de l'humour !