Les mains sales

Les mains sales, du Docteur Jean-Marc DUPUIS (extrait de "Santé-Nature-Inovation)

Chère lectrice, cher lecteur, 

Je reviens de chez des amis qui avaient loué une maison au bord de la mer. 

C’est une maison neuve, avec trois chambres, une petite cuisine, une jolie vue mais, au fond, rien d’une villa de millionnaire. 

J’ai pourtant été impressionné, choqué même, par le nombre de pièces d’eau, et plus précisément le nombre de robinets. 

Chaque chambre a sa salle de bains. Et dans chaque salle de bains, on trouve une baignoire, une douche, un lavabo, un bidet, des toilettes. 

Des toilettes, donc, pour chaque chambre, plus encore des toilettes communes, à côté du salon. 

Il faut compter encore une petite piscine extérieure chlorée avec sa douche, son lavabo, ses toilettes, à nouveau. 

Cela paraissait normal à tout le monde. Personne ne s’en étonnait (à part moi). 

Mais je pense que, dans quelques générations, les historiens qui étudieront notre époque ne manqueront pas de remarquer cette véritable folie de l’hygiène

Je ne parle pas des conséquences écologiques de consommer tant d’eau (d’autant plus que nous étions dans une zone notoirement menacée par la sécheresse). 

En restant strictement dans le domaine de la santé, je m’inquiète des conséquences catastrophiques pour nos systèmes immunitaires, nos allergies, de passer ainsi notre temps à nous laver, nous savonner, nous désinfecter. 
 

Les mains sales

Excusez-moi d’évoquer constamment le passé mais je n’y peux rien, c’est plus fort que moi : quand j’étais petit, beaucoup de personnes autour de moi avaient les mains sales

En utilisant cette expression, « mains sales », je m’aperçois que les jeunes de notre époque ne peuvent même plus imaginer ce que cela veut dire. 

Pour eux, avoir les mains sales, c’est avoir les mains pleines de Nutella, ou de confiture. Ou avoir mis les doigts dans son nez morveux. On se passe les mains à l’eau claire et, déjà, elles sont propres. 

Mais ce n’est pas ce qui s’appelait les « mains sales », dans mon enfance. 

Les mains sales de ma jeunesse, c’était une crasse noire, incrustée, qui ne pouvait pas s’enlever. Le savon était impuissant, l’eau de Javel elle-même ne servait à rien. Les gens qui travaillaient de leurs mains les plongeaient constamment dans la terre, dans le cambouis, dans le fumier, ils se servaient de leurs mains comme d’outils, pour toutes sortes de choses que nous n’imaginons même plus aujourd’hui. Les ongles notamment, étaient entourés d’un liseré noir particulièrement tenace. 

Il m’est encore arrivé, il y a vingt ans, de voir de telles mains quand j’ai voyagé dans des zones particulièrement reculées d’Asie centrale. 
 



C’est devenu une curiosité aujourd’hui. Mais autrefois, toute la population était comme ça. 

Les gens n’avaient pratiquement jamais les mains « propres », c’est-à-dire immaculées, au sens de notre société où la plupart des gens travaillent sur des ordinateurs. 

Voyez-vous par exemple les veines bleues qui courent sur vos mains ? Autrefois, seule une infime partie de la population, les aristocrates, qui ne travaillaient pas la terre, avaient les mains assez propres pour qu’on puisse remarquer chez eux ces veines bleues. C’est pourquoi on les appelait aussi les « sangs bleus ». Les gens croyaient que ce n’était pas normal ! 

Mais tous les autres… Et pensons aux hommes des tribus qui s’enduisaient le corps de boue, de glaise, d’argile. 
 



Enfants aborigènes ayant passé l’après-midi à jouer dehors, pour de vrai ! 
 

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